Packrafting-Trekking in the Gates of the Arctic National Park, Alaska, US
Paul m’a appelé hier car sa nièce lui avait transféré le lien de notre Capexpé en Alaska qui commence à circuler sur facebook.
« J’ai vu le site du crowdfunding et la vidéo sur le Pouvoir des Rêve, c’est magnifique ! Dis à Arthur que je crois que je peux l’aider à mieux marcher. »
Paul est comme moi un grand amateur des grands espaces nordiques. Il est haptonome et travaille notamment avec des sportifs de hauts niveaux. En les aidant à mieux se situer et se visualiser dans l’espace pour anticiper leur mouvements et leurs interactions avec l’environnement réel, il les aide inerver des fibres musculaires supplémentaires pour une plus grande efficacité du geste. C’est exactement ce dont parle Michel Serres dans la vidéo et le texte que je vous propose dans l’article ci-après et sur lequel je suis tombé quelques heures après cette conversation.
Il me faisait la remarque suivante : “Nous vivons dans un monde où l’autonomie est déifiée au point de se transformer en un individualisme névrosé.” Les mythes de la performance et du corps parfait envahissent nos écrans, ces hublots dont parle Michel Serres et qui nous désincarnent en nous faisant souvent préférer notre fauteuil au mouvement, le virtuel au réel. Petit à petit nous perdons toute lucidité.
Rien de tel pour la retrouver cette lucidité que de mettre la solidarité en mouvement.
Ce qu’il y a de génial avec cette expé en Alaska, c’est qu’Arthur, pour avancer vers l’autonomie, aura besoin aussi de la solidarité des autres membres de l’expé pour réaliser ses rêves, ne fut-ce que pour porter sa réserve de petits caleçons et la nourriture pour les ours. Fix de son côté, pour ramener toutes ces belles images remplies de sens, en aura aussi besoin pour une partie de son matos au moins.
Il y a quelques semaines, j’ai été chercher Arthur à son kot à Louvain-la-Neuve pour aller nous entraîner à marcher dans le bois de Lauzelle. En passant par le Blocry il m’a dit : « C’est fou mais il y ne fut-ce que quelques mois je n’aurais jamais osé marcher ainsi en rue avec des béquilles. T’as vraiment l’air con en déséquilibre permanent sur tes guibolles qui ne répondent plus tout à fait. Au moins en chaise roulante tu as un statut, tu es respecté et tu peux faire le king. En béquilles t’es juste un vieux tas difforme. » (Et pourtant, Arthur est un athlète de haut niveau. C’est même une star de Première Bundesligua de handi-basket …)
Pour avancer, réconcilions dans l’espace notre corps et nos sens.