Packrafting-Trekking in the Gates of the Arctic National Park, Alaska, US

Nous sommes arrivés hier soir à Bettles, après plus de 20 jours sur la John River. Nous venons de vivre des moments incroyables dans un cadre magnifique (voir vidéos de notre expe précédente en 2001) !

Packraft trip in the Brooks RangesTout a commencé à Anaktuvuk, village esquimau sous une pluie fine, mais persistante. Pas besoin de marcher longtemps pour gonfler nos packrafts : la rivière est en crue et est donc raftable depuis sa source ou presque. Tout va très vite et nous sommes chargés de 12 jours de nourriture. Ce n’est pas facile de trouver les bons gestes et le bon rythme, mais petit à petit, tout le monde s’y retrouve. Nous nous arrêtons fatigués avant de grands rapides que nous passerons le lendemain sans problèmes, après une bonne nuit de sommeil. Nous prenons confiance malgré l’eau qui n’arrête pas de monter. Nous avancons très vite, de plus en plus vite même. Tout le monde suit mais à un moment, nous dépassons un affluent et la la rivière, tout d’un coup, devient carrément inquiétante. Packraft trip in the Brooks RangesNous n’arrivons plus à nous arrêter pendant une bonne heure lorsqu’enfin nous trouvons un “Eddie”, zone d’eau morte. Après un check visuel de la suite, nous décidons de repartir jusqu’au prochain banc de cailloux où nous pourrons planter la tente. Ce fut notre seule mauvaise décision. Dès la reprise de courant, le bateu de Thibault se retourne et il ne peut retenir son packraft. Mathieu essaie de le rattraper mais se retourne aussi. Nous voilà dispersés sur les deux berges de la rivière, avec Thibault sur une île au milieu, pas loin de l’état de choc, après après avoir avalé une très grosse tasse. Il a eu très très peur. Nous aussi. Je me renverse à mon tour en les rejoignant. Tout est froid. Nous avons perdu un raft et son chargement mais nous étions tous sains et saufs.

Packraft trip in the Brooks RangesLe lendemain le soleil nous permet de tout sècher et de prendre les bonnes décisions. Quelques appels avec notre tel sattelite nous permet  de faire l’inventaire des possibilités: retourner à Anaktuvuk (4 – 5 jours de marches) ou aller vers la landing strip à 100 km avec option d’un hydravion à la Hunts fork ou d’un avion avec des grosses roues à Wolverine. Nous décidons de continuer à pied pour chercher le packraft et attendre que le niveau d’eau descende. Packraft trip in the Brooks RangesNous modifions aussi l’endroit de notre ravitaillement aerien (“food drop”) en y ajoutons un packraft de remplacement. Au moment de partir, un énorme loup vient nous saluer comme pour nous encourager. Nous continuons et c’est le plus important. Arthur découvre la marche à pied dans les Brooks Range, ses mottes, ses marais, pieds mouilles et  moustiques. Nous sommes lourds avec nos 8 jours de nourriture et 5 packrafts. Arthur relève le challenge avec brios et ses pieds suivent. Il rayonne.

BrooksRange2014bis-1020613Nous ne dépasserons toutefois pas la Hunts fork où nous attendrons encore une nuit de decrue avant de traverser la rivière, toujours trop haute, pour rejoinder le lac où l’avion peut atterrir. La pluie revient et nous devons attendre 3 jours que l’avion puisse decoller. Comme nous n’avons plus grand chose à nous mettre sous la dent, nous cueillons myrtilles et bolets (excellents avec du cream cheese). Malgré la faim, l’attente, la pêche infructueuse dans le lac et nos amis les moustiques, l’ambiance reste bonne et nous rions beaucoup.BrooksRange2014bis-1020546

Nous sommes de simples petits bipèdes perdus dans l’immensite de la wilderness alaskane, complètement dépendant d’un téléphone satellite et de la fameuse ‘Judy’ à l autre bout du fil. De “Belgian Boys” nous sommes vite passés à “Patient Belgian Boys” pour enfin devenir les “Hungry Belgian Boys”, la nouvelle légende de Bettles, Alaska.

 

BrooksRange2014bis-1020562Quand l’avion atterri, une hysterie collective s’empare de notre groupe : avec les 12 jours de provision et le packraft de rechange il y avait aussi des bananes, des carottes, des bagels et surtout … une surprise. Après avoir tout déchargé, le pilote nous tend un petit papier avec des coordonnées GPS où un packraft rouge avec un sac aete repérés par un bush pilot. En l’espace d’un instant Thibault retrouve le sourire.

BrooksRange2014bis-1020568Le lendemain qu’est-ce que c’était bon de remonter sur nos packrafts. Vers midi, le raft était localisé ainsi que des restes de matos d’autres kyakistes aussi malchanceux que nous.  Nous ramènerons tout à Beetles. Le plus incroyable, c’est que tout était intact y compris la nouvelle camera de Thibault.

 

BrooksRange2014bis-1030202A partir de là, tout ne fut plus que plaisir. Le niveau d’eau était redevenu normal, tout en nous permettant toujours d’avancer assez vite, tellement vite que nous nous sommes autorisés trois jours de rando sous le soleil vers un petit sommet à la vue impregnable sur les méandres de la John et de Wolverine Creek. Le soleil ne nous lachera plus ensuite pour les 5 jours de decente vers Bettles ou nous sommes arrivés hier avec 5 jours d’avance sur le planning.BrooksRange2014bis-1030207

A l’arrivée au vieux village abondonné de Bettles, nous croyions que notre trip était fini mais c’était sans compter sur les surprises Alaskanes. La “winter trail” de 9 km qui sépare le vieux et le nouveau Bettles s’est en effet vite transformé en cauchemar. Au dela des moustiques, que nous avions un peu oubliés au milieu de notre riviere, nous avons du traverser des marais gluants parfois avec de l’eau jusque la taille. Il fallait souvent porter Arthur à deux voir trois. C’est épuises que nous sommes arrivés juste à temps pour le souper et la douche au Bettles Lodge. C’est de là que je vous écris, avec à l’instant un excellent “Southern Man” de Neil Young dans les baffles de la cuisine.

BrooksRange2014bis-1030187Ce matin mes 5 compagnons ont pris l’avion vers Fairbanks pour amorcer leur  retour vers la Belgique. Moi j’avais besoin de rester seul avec cet intense periple. J’ai décidé de retarder mon vol de retour de deux jours. Demain je me fais déposer au “Circle Lake”, endroit prevu originellement pour notre “food drop”. J’ai 5 jours complets de “bush wacking”  devant moi pour explorer les différentes vallées des incroyables “Arrigetch Peaks” et ses big walls, ma foi bien tentant …BrooksRange2014bis-1020565

Merci Arthur, Thibaut, Thibault, Mathieu et Fix pour cette magnique aventure.
Je vous souhaite a tous une excellente reprise !

A bientôt !

Dom

 

 

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