D’habitude, les récits d’un WE de ‘Deep Water Solo” (escalade sans corde au-dessus de l’eau) sont plutôt du genre vidéo-sensationnelle et fun…

Ce que Baptiste et moi  avons rapporté  de la baie de Ha Long est un peu différent. J’avais griffonné le texte ci-dessous. Cela lui a plu. Il m’a proposé d’aller un peu plus loin et de  lire ce texte lors d’un (petit) festival a Ha Noi,  pour accompagner un des morceaux de son concert de violoncelle électrique…

(Texte a lire a voix haute)

Toi, la baie lente
jm, 2014

Toi, la Baie
Toi, la lente
Toi la lente baie de Ha Long
Latente, béante
T’es beauté à tue-tête
T’écrire

Il faut être belge

Pour écrire le beige
De tes rocailles,
De tes plages
Qui lèvent l’ancre,
Et dire l’étrange
De tes cris
Le gris
Crissant
De tes falaises ciselées
Par un geste de sel marin

Toi, la lente
Toi, la lente montée
De la mer
Mariée à l’aurore
Amorcée par
Le crissement des faces de rocher
Le hurlement de ton regard hirsute de foret

**

Marée
Poussée de la mer
Départ
Du trait en Arc
De cet oiseau
Qui de son vol
Trace
Toute la crique
Et réveille
Les pics de karst
Francs et forts,
Ces fragiles éclipses de calcaire
Ces tranchants repères
Qui imprègnent les mains du grimpeur
Plus qu’il ne les prend
Moins qu’il ne les craint

(Photo: Vietclimb)

Grimpeur qui s’élève avec l’écume
En quelques mouvements de corps
Sans grande distance parcourue
Il pénètre au plus profond
De tes remous
De tes murmures
De tes vagues
De tes vagues rumeurs

(photo: Vietclimb)

Vie-marée :
Monter puis,
Revenir au roc
Et ses éclaboussures

Toi, la baie
Toi, la lente
Toi la lente baie de Hạ Long
Latente, béante
T’es beauté à tue-tête
Tu vis et tu affrontes

**

Embouchure
Promontoire
D’une mer de Chine
Imprévue
Imprenable tourmente
Bouche fine
Recherche
De brèches téméraires
Face aux vents furieux
Aux turbulences
Qui colportent
Dans leurs clapotis
Trop de traces humaines,
Trop d’empreintes sales

**

Toi, la baie
Toi, la lente
Toi la lente baie de Hạ Long
Latente, béante
T’es beauté à tue-tête

Et on te tue