Sortie voile au départ de Nieuport : 5 jours pour s’évader sur les mers et apprendre…
REFLEXION
Je peux me tromper, mais j’ai comme l’impression que lorsqu’on demande à quelqu’un s’il est plutôt “montagne” ou “mer”, les avis sont assez tranchés et qu’on imagine peu l’un et l’autre. C’est plutôt soit l’un, soit l’autre.
Or je pense que ce sont finalement deux milieux complémentaires, et similaires par bien des aspects.
La première similitude qui me vient à l’esprit ce sont les cordes. Y en a des tas sur un bateau, elles ont pour nom drisse, écoute, hale-bas, bosse de ris, garcette, aussière, … et en montagne, et sur les falaises, on en a généralement une, avec quelques cordelettes en extra. Dans les deux cas, les cordes ont des propensions à faire des noeuds intempestifs au moment le plus critique.
on peut escalader un mat, comme on peut escalader une montagne, ou une falaise. C’est moins long, mais en général, même à quai, le mat bouge (je ne parle pas quand on est en mer, cela devient très sport). Quand la montagne bouge, c’est que vous avez abusé la veille de Génepy ou que celle-ci vous tombe dessus et qu’il est grand temps de prendre vos jambes à votre cou.
On peut partir seul en mer, comme en expé, mais c’est plus souvent à plusieurs qu’on est dans le même bateau, avec le même but, à fonctionner en équipe pour arriver à bon port, sains et saufs. L’espace limité qu’offre un bateau à son équipage fait que les problèmes sont vite exacerbés. Difficilement moyen d’aller s’isoler dans un coin pour faire le vide dans son esprit.
La tambouille est tout aussi “particulières” dans les deux cas. En bateau, tout bouge à tout moment et donc, il faut prévoir des casseroles à couvercles fixes (ce qui limite les “touillages” pour éviter que cela n’accroche). D’un autre côté, il ne faut pas trimbaler la boustilfaille sur notre dos pendant toute la durée de l’expé: cela permet de se faire plaisir et de manger des trucs non lyophilisés pendant les premiers jours du périple. Après 10 jours de mer, sans escale, je pense que les deux options se retrouvent à égalité, à peu près; on est alors limité par la durée de conservation des denrées fraiches.
Pour la nuit, une tente peut être exigüe, surtout quand vous dormez à plus que le nombre spécifié par le fabricant du matériel. Mais bon, une fois que vous êtes dedans, en général, cela ne bouge plus trop. En mer, votre couchette, qui ne vous offre pas nécessairement plus d’espace qu’une tente ou un refuge en surnombre, a une facheuse tendance à tanguer et à gîter.
Le mal de mer, ou le mal des montagnes. Dans les deux cas on s’y habitue. Mais le mal de mer a tendance à être suivi par le mal de terre, une fois de retour sur le plancher des vaches.
Physiquement, le type d’effort est différent. Il faut généralement moins de souffle et d’endurance sur un bateau, du moins un grand, que pour gravier une montagne (pas de problème de raréfaction de l’air et donc de l’oxygène, puisque par définition vous êtes à l’altitude zéro), mais comme cela bouge en permanence, c’est tout de même assez physique.
L’eau: moins de transpiration en mer, mais par contre, vous êtes entourrés d’eau salée qui se trouve tôt ou tard sur vous, entre vos vêtements, qui bien sûr ne sèchent pas. Pour éviter, ou du moins retarder, ces petits désagréments, on met des couches et des coupe-vent/pluie plus ou moins high tech, fluo, et mode. C’est donc bien un équipement spécifique.
Technique: il faut de la technique pour faire avancer un voilier, tout comme il en faut pour grimper ou progresser sur glacier. On tient généralement à savoir où on est (Merci Mr. GPS !!!), on manie les cartes, la boussole, et on cherche à se repérer en se situant par rapport à ce qu’on voit.
Je pourrais encore continuer comme cela longtemps à voir les points communs entre ces deux éléments qui paraissent pourtant si antinomiques. C’est pour cela que je pense que finalement cet exercice est un peu vain et qu’il est dès lors logique de voir les mêmes bouilles sur les montagnes et sur mer, avec des sensations différentes bien sûr, mais finalement un même but de dépassement de soi, de découvrir des choses nouvelles, de voir du pays, de vivre quelques chose de fort avec d’autres, de se changer les idées du quotidien.
Donc pour en revenir au titre de ma bafouille: ” Mer ou Montagne, Choisir? “,
ma réponse est “NON“.
J’ai toujours fait les deux,
j’aime les deux, et
je veux pouvoir continuer à faire les deux.
Et j’espère que la lecture de ce blog aura convaincu les montagnards qui rodent sur ce site génial de tenter, si ce n’est déjà fait, l’expérience des mers. Je pense qu’ils ne reviendront pas déçus.