Sortie voile au départ de Nieuport : 5 jours pour s’évader sur les mers et apprendre…

Mercredi matin, Nieuport.

Après une courte nuit au port, on prépare le bateau pour la traversée: on checke les voiles, le matos, on range la bouffe, on récupère les bonnes cartes marines.

En voulant allumer le réchaud pour le café, v’la-t’y pas que notre skipper se retrouve avec le bouton en main, et une fuite de gaz en prime. Après démontage, on se rend compte que toute la tôle est piquée par la corrosion. On part à la recherche d’une gazinière de remplacement.

Finalement, il est près de 11h00 quand nous apareillons.

Sortis de l’estacade de nieuport, le vent nous cueille, on s’équipe, on fait contre-poids et  le bateau file à plus de 7 noeuds vers le Nord-Ouest. Direction l’Angleterre.

Deux destinations possibles en pareil cas: Ramsgate ou Harwich.

Les vents sont bons, on monte vers Harwich.

On croise quelques cargos sur le rail qui se dirige vers Anvers, Rotterdam et Hambourg. Heureusement pas trop.

En fin d’après-midi, quelques-uns voient des marsouins au loin.

Puis le jour baisse et on se rapproche des côtes. A l’horizon on commence à apercevoir des lumières.

On consulte la carte marine pour déterminer les repères vers lesquels se diriger pour réussir notre atterrissage sur la côte anglaise. Alors que la nuit est tombée, qu’on cherche à se repérer grâce aux feux de bouées, et des phares, le vent tombe tout à fait et nous nous trainons à 2 noeuds.

Il doit être 21h00, on décide alors de mettre le moteur. Celui nous propulse une demi heure environ, puis s’arrête tout seul. Tous les essais de le remettre en marche restent vains. Bon, on va continuer à la voile.

10 minutes plus tard, c’est l’électronique qui se met en caraffe: plus de girouette, de log, d’anémomètre. Heureusement, il reste la VHF et un GPS.

La question se pose alors de ce qu’on fait. on continue au milieu des cargos, ou on prend le large, en se faisant directement une nuit complète à la barre?

Après consultation, le skipper prend la décision de continuer. Je téléphone au port où nous comptons arriver, il est près de 23h00 locale, pour savoir si une arrivée à la voile est techniquement envisageable car pour arriver au port, il faut se frayer un passage à travers un chenal de 2 mètres et passer une écluse.

Le préposé me confirme qu’à la voile, ce n’est pas possible et qu’il me conseille de me poser au Half’Penny Pier situé en face car il est simple d’accès. Je lui demande alors de prévenir les Port Authorities qu’on arrive à la voile, sans moteur. On lui communique notre position, notre cap et notre vitesse.

Quelques minutes plus tard, alors que nous remontons le chenal en tirant des bords à la limite des bouées du chenal des gros cargos, la VHF se met à crépiter à notre attention: c’est les responsables du port qui nous signale que nous nous dirigeons droit sur le chenal et que nous devons nous tirer vite fait. C’est ce que nous faisons, ne voulant pas tenter un abordage avec un monstre métallique.

On continue notre route, tachant de déterminer le bon chemin entre ces bouées, les différentes lumières du port, les bateaux qui passent et un carte pas assez précise. Pendant ce temps-là, Bernard se lance dans le démontage du moteur pour déterminer la cause de la panne. Au bout d’un certain temps, il identifie la cause: le moteur s’est désamorcé car le bouchon du filtre est troué. Il rebouche le trou, et remonte le tout. On essaie un redémarrage. Mais cela ne fonctionne pas. Après plusieurs essais infructueux, on abandonne pour nous concentrer sur la navigation.

Finalement, il est 1h30 locale quand nous aborderons le Half’Penny Pier à la voile. On a cru ne jamais arriver, entre tous les cargos, mais finalement, nous avons trouvé notre chemin.

On est fourbu, mais content d’être arrivés sains et saufs. Un petit verre pour nous remettre de nos émotions, et dodo.