Sortie voile au départ de Nieuport : 5 jours pour s’évader sur les mers et apprendre…
Quittant Harwich en fin de journée, nous nous dirigeons plein Est vers la Hollande. Nous avons près de 113 miles à parcourir, et donc on va y passer la nuit, et une partie du lendemain.
Nous nous organisons en quart:
1er quart: Olivier x, Geoffroy, Bernard D.
tranches horaires: 21h00-24h00, et 3h00- 6h00
2ème quart: Olivier V., Bernard vh., Emmanuel
tranches horaires: 24h00-3h00 et 6h00-9h00
Le soleil se couche donc sur une mer superbe. Les prévisions météos qui ne nous annonçaient pas de vent se sont finalement révélées erronées et c’est sous 10 à 14 noeuds de vent, de secteur Sud, que nous quittons l’Angleterre. Le bateau gîte bien et fend les flots à bonne allure.
Le souper (les fameux croutons de soja, avec les ratatouilles et le couscous: un grand classique montagnard!) envoyé, le 1er quart prend ses fonctions et nous allons nous coucher en espérant trouver le sommeil. Dormir dans un bateau qui gîte, c’est assez sport, surtout quand on vous demande de vous mettre au vent pour équilibrer le bateau: on a tendance à redescendre tout seul–allez savoir pourquoi!
Mais malgré les conditions, le bateau qui tape dans les vagues, le bruit sur le pont (situé juste au dessus de nos bannettes), je parviens malgré tout à m’endormir, tout comme Bernard et Olivier.
A minuit, on nous réveille. Nous nous extirpons de nos sacs de couchage, nous équipons complètement et sortons sur le pont relever le 1er quart.
Là nous découvrons un paysage tout à fait nouveau pour moi: la mer la nuit. On a beaucoup de chance avec le temps: pas un nuage, un croissant de lune, et une voie lactée comme je n’en avais plus vu depuis très longtemps. Magnifique!!! Et surtout pas de lumière. Ou plutôt si. il y a bien de la lumière, mais peu: ce sont les autres bateaux qu’on distingue grâce à leurs feux de position, ce sont les instruments de navigation (boussole, et cadran de l’ordinateur de bord), et de temps en temps la lampe de poche de l’un d’entre nous. Mais celle-ci reste pratiquement tout le temps éteinte: c’est nécessaire. Sans cela, nous ne verrions pas les autres navires. En fait, le danger potentiel, il est là: ce sont les autres bateaux. Pas les voiliers comme nous, mais les navires de commerce, très nombreux sur ce coin de mer. Généralement, entre le moment où on aperçoit clairement les feux d’un navire et le moment où il est potentiellement sur nous, il se passe 10 minutes à peu près. 10 minutes cela peut sembler long pour s’éviter, mais cela peut être très court, voir trop court, si on n’anticipe pas les trajectoires de chacun. Donc, la vigilance est de mise.
Après un petit round d’observation dehors, Olivier décide de changer de voile d’avant. Le vent est tombé et est maintenant bien de travers. On va affaler le génois et sortir le spi assymétrique. Je l’aide à la manoeuvre pendant que Bernard tient bon le cap. Par prudence, en pleine nuit, on se sangle à la ligne de vie: s’agirait pas d’aller prendre un bain de minuit maintenant.
15 minutes plus tard, tout est terminé. Le gennaker flotte bien devant. Le bateau du coup est reparti de plus belle. On parvient en gros à aller aussi vite que le vent réel. C’est assez grisant.
Chacun à notre tour, nous tenons la barre, tachant de garder le bon cap, de voir les bateaux arriver et d’évaluer rapidement le danger potentiel qu’ils peuvent représenter, et de changer de cap le cas échéant. Le plus difficile, après un temps, c’est de garder les yeux bien ouverts car avec la nuit, le sommeil se rappelle à notre bon souvenir et voudrait nous attirer dans les bras de Morphée. Au bout d’un moment, on ne distingue plus très bien les chiffres sur les cadrans.
3h00 sonne comme une délivrance. L’autre équipe va reprendre le relais, et nous, nous allons pouvoir nous coucher ! Le temps de donner les instructions et consignes, et nous retrouvons nos sacs de couchage.
Ce quart sera moins reposant car la navigation sous spi est plus bruyante, particulièrement quand celui-ci se met à claquer au vent. Finalement, on ne dormira que d’un oeil.
6h00: nouveau quart.
La nuit a changé. On sent que l’aube approche. D’ailleurs cela motive Bernard qui termine son quart à rester avec nous pour assister à ce spectacle.
De minutes en minutes, des couleurs apparaissent à l’Est, exactement là où nous allons. La vue est grandiose. On en oublie la fatigue accumulée. C’est superbe! Puis la boule de feu surgit de l’horizon. Encore une belle journée en perspective. Nous sommes au large de la Zélande.