Trekking en Slovénie
Venu me chercher à Bruxelles, Dom me conduit samedi soir vers 23h jusqu’à Louvain-La-Neuve, où je retrouve Lionel et Amédée. Ensemble, nous préparons le voyage (nourriture, essence, remplissage du coffre, etc.). La nuit me permet d’essayer mon nouveau sac de couchage ainsi que le matelas pneumatique prêté par Dom.
Après les derniers préparatifs, une bonne douche et un message sur le blog, nous voilà partis pour récupérer Jean-Sébastien à la sortie d’autoroute de Wanlin 1h en retard (vers 10h45). N’étant pas pressé, Dom nous amène visiter une chapelle relativement secrète à Lavaux-Saint-Anne. Nous irons manger de la paella, et recoudre le bouton de mon short qui avait sauté, chez Jean-Seb à Luxembourg. Nous revoilà partis sur les routes et autoroutes allemandes (en prenant quelques détours dûs aux manques de clarté des indications). Dans la voiture, j’avance dans ma lecture de Harry Potter ce qui a pour effet d’énerver Dom qui désirait terminer avant moi. La musique varie entre jump, trance et rock. Nous décidons ensuite de trouver un coin sympa pour passer la nuit dans une forêt bien avant Munich, après avoir cuisiné de la soupe et des côtelettes.
Après avoir acheté du pain et du lait dans un village voisin, nous repartons. Après une longue journée de route, nous arrivons vers 17h à Bled, charmant petit village slovène, où ne nous arrêtons que quelques minutes pour prendre des photos. Nous irons ensuite manger dans un restaurant à Bohinjska Bistrica où nous découvrons la culture slovène (langue, nourriture, bière…). Nous planterons les tentes quelques kilomètres plus loin à côté d’une rivière et d’une source. Une fois les tentes montées, je termine Harry Potter.
Mardi matin, nous prenons un bon bain dans la rivière malgré sa faible température, nous répartissons le matériel dans les sacs, et nous les allégeons avant de partir pour la grande aventure. Cependant, nous ne partirons pas avant que Dom ait, à son tour, terminé Harry Potter (vers midi). Nous partons donc en voiture vers Dom Savica en passant devant le magnifique lac de Bohinj. Arrivés à Dom Savica (653m), on se rend immédiatement compte que la première montée ne serait pas de tout repos, vu la taille des falaises à monter. Pourtant, le moral est bon, et nous voilà partis. Après plusieurs pauses et un détour pour aller voir la cascade de Savica, on s’arrête pour manger quasiment en haut de la falaise, à bout de souffle. Nous devons attendre Lionel et Dom qui se sont arrêtés pour manger plus tôt. Très vite après le repas, on tombe sur le lac Črno. Il s’agit d’un superbe petit lac tout bleu à 1294m. Vu le temps superbe, on en profite pour faire une petit baignade, bien que l’eau fut très froide. Nous repartons ensuite pour une longue marche dans la forêt, jusqu’à un croisement où bien entendu Jean-Sébastien et Amédée ont continué tout droit alors qu’il fallait tourner à droite. Après une dernière montée de 200m, nous arrivons au refuge du Triglavskih jezerih (1685m) où on se prend une bonne vieille pivo. Nous cuisinons ensuite notre souper (soupe et pâtes). On apprend qu’on risque une amende de 400€ si on campe dans le parc national du Triglav, c’est pourquoi Jean-Sébastien, Amédée et Lionel ont négocié une chambre sans électricité mais avec matelas pour 20€ (pour 5). Nous apprenons également que les prévisions météo des prochains jours sont exécrables.
Partis de bonne heure mercredi matin (vers 10h), nous passons dans la Triglav Lakes Valley. Nous ne nous baignons pas dans les lacs que nous croisons car le temps se fait de plus en plus frais. Le brouillard tombe… À l’instant même où on décide de manger des parovitas au pied du Kanjavec, il se met à pleuvoir. La pluie cessera bien entendu une fois que nous serons repartis. Pendant ce temps, Lionel s’est fabriqué une veste avec un sac poubelle. Nous continuons notre avancée dans le brouillard jusqu’au col Hribarice (2358m). Nous descendons vers Dolič. Il se met à pleuvoir, puis à tonner. On se demande si on n’a pas pris un mauvais chemin, mais nous arrivons sains et saufs au refuge de Dolič 15 minutes plus tard. Après un chocolat chaud, on se remet en route car il s’est arrêté de pleuvoir. Nous descendons dans la vallée Velska en croisant quelques moutons. Une fois de plus, nous hésitons sur la direction à prendre, mais tout se déroule comme prévu. De plus, le soleil revient, et nous arrivons finalement à une ferme. Nous traversons maintenant des champs remplis de vaches à cloches. Nous nous arrêtons un peu plus loin pour planter nos tentes tout près d’une marre de boue probablement très prisée par les vaches (vers 1700m). Pendant que les autres font le souper (soupe et couscous), Amédée et moi repartons en arrière pour aller demander de l’eau à un gîte un peu plus haut. Pendant qu’on mange, les vaches envahissent la prairie. Elles me font bien marrer, elles n’ont absolument pas peur de nous. Nous leur avons d’ailleurs fait essayer la casquette de Dom puis celle de Jean-Seb. Avant de dormir, je suis Jean-Seb et Lionel dans leur trip de monter jusqu’à une grotte sur le Koštrunovec. La montée est longue est abrupte, et la grotte n’a rien de spécial. La descente est bien pire : dans le noir et en essayant de ne pas glisser sur les touffes d’herbe. Quelle bête idée… Jean-Seb et Amédée décident de chasser les vaches de la prairie pour que les cloches ne nous empêchent pas de dormir.
Il a plu toute la nuit, et une partie des vaches sont revenues. La pluie a cependant décidé de nous laisser déjeuner et défaire les tentes tranquille, même si la prairie était trempée. Nous repartons ensuite en croisant encore quelques vaches. Nous descendons sous la pluie (pour une partie du temps en tout cas). On en profite pour passer par une superbe réserve longeant un rivière dans des gorges. Nous arrivons ensuite à l’abri dans un bar de Stara Fužina, et bien sûr le soleil apparait immédiatement, probablement dû à l’influence de ma pivo (ou peut être des frites). Dom s’en va ensuite rechercher la voiture de l’autre côté du lac de Bohinj. Il revient deux heures plus tard en nous expliquant que personne ne l’a pris en stop et qu’il en a profité pour traverser le lac en bateau. Pendant ce temps là, nous avions fait des provisions de pivo bon marché (60 cents la 50cl) et de Milka dans l’épicerie du coin. On tente de retrouver l’endroit de camping du premier jour sans succès, alors on retourne à Bled pour squatter les douches du camping, avant d’aller planter nos tentes dans une forêt quelques villages plus loin.
En me promenant vendredi matin je tombe sur un camp scout slovène bizarre et désert tout près de nos tentes. Dom nous ramène du pain. On retourne ensuite à Bled pour se renseigner sur notre prochain raid et sur les prévisions météorologiques (pas spécialement bonnes). On réserve une descente de la rivière Soča en rafting le lendemain. J’en profite pour faire recharger la batterie de mon appareil photo et de mon mp3 dans un centre de tourisme. On va manger sur le bord du lac, pendant qu’un plongeur fait des recherches en face de nous. Après le repas, Dom nous quitte pour aller lire H2G2 (deuxième livre). Amédée, Lionel, Jean-Seb et moi décidons d’aller acheter de la pivo à 40 cents les 50 cl au Mercator, puis d’aller nager à un endroit du lac aménagé en une espèce de piscine publique (que nous squattons). Nous rencontrons deux jeunes slovènes de 12 et 15 ans à qui nous parlons de pivo. Après cette baignade (qui a attiré la pluie bien entendu), on retourne au centre de tourisme pour profiter de l’internet gratuit. J’en profite pour lire mes mails et rédiger un article pour le blog avec Lionel. Jean-Seb quant à lui va cliquer sur les pubs de mon site. Bref, on est resté là une partie de l’aprem. Lionel et moi avons ensuite été acheter un poncho bon marché. Plus tard, pendant que Dom cherche un endroit pour planter nos tentes juste à côté de la ville, on commence à faire le souper au bord du lac en disant dober dan à chaque passant. Dom revient assez vite, très satisfait de sa découverte. Notre petit souper n’est pas passé inaperçu des touristes/habitants de Bled, et s’est terminé sous la pluie, à l’abri du toit d’une espèce de cabane. Attirés par la musique, nous nous rendons ensuite à un concert de musique folklorique italienne (toujours sous la pluie) qui fut terminé plus tôt que prévu à cause de la pluie. Nous allons prendre un cocktail dans un bar salsa-latino, avant d’aller squatter les toilettes d’un hôtel 4 étoiles, d’en chercher la piscine au cinquième étage et d’y lire les journaux. Nous tentons dans un hôtel 5 étoiles, mais seul Dom est parvenu à ne pas se faire remarquer par le garde. Ne voulant pas planter nos tentes, on commence à chercher des bons endroits pour dormir dans les sous-sols de tous les hôtels de la ville. Dom et Jean-Seb partent de leur côté dans un hôtel 4 étoiles avec matelas et sac de couchage sous le bras tandis qu’Amédée, Lionel et moi nous contentons d’un 3 étoiles. Je me fais réveiller à 3h30 du mat par Lionel qui s’écrie dans son sommeil : “une putain de bonne vielle pivo !”.
Nous avons bien mieux dormi qu’eux (nous avions même une prise de courant). Ils se faisaient réveiller toutes les demi-heures par une machine, et à 6h du matin par l’aspirateur d’une femme de ménage. Ils ont donc décidé d’écourter leur nuit en allant nager dans le lac. Après un bon chocolat chaud et un toast à la confiture (les slovènes ont une définition bizarre du mot croissant), nous prenons la route vers Trnovo (au sud de Bovec) pour le rafting, en passant par Vršič (route terriblement sinueuse) et en longeant la Soča (superbe rivière totalement turquoise). La descente en rafting (classe 3) est marquée par deux pauses : une nous permettant de sauter dans l’eau depuis un rocher, l’autre nous permettant de boire de l’eau potable d’un affluent. Après la descente, on se prend une pivo bien méritée avant de reprendre la route en sens inverse (en s’arrêtant à une cascade). On s’arrêtera à Kranjska Goran pour manger dans une pizzeria, avant de reprendre la route vers Aljažev dom (1015m). On se rendra vite compte qu’il est difficile de planter une tente dans la montée, et on choisira plutôt de passer une nuit au refuge de manière à faire sécher les affaires trempées depuis plusieurs jours. Cela va également nous permettre de prendre une douche (chaude pour certains et froide pour d’autres).
Une fois n’est pas coutume, nous répartissons le matériel et la nourriture dans les sacs. Nous ne prenons cette fois ci ni tentes, ni matelas, ni sacs de couchages car nous logeons dans des refuges. Nous prenons par contre le matériel d’escalade en cas de via ferrata. Nous voici donc repartis sur un chemin indiqué “difficile” sur la carte. Nous devons monter jusqu’à 2332m, ce qui fait un bon petit dénivelé, et tout ça de manière assez raide. Nous grimpons sur le flanc du Cmir pendant plusieurs heures en plein soleil, certains passages sont plus difficiles que d’autres (présence de pitons et de cordes en acier pour monter). Nous ne nous arrêterons pour manger qu’à la source Begunjski Studenec (en dessous du Begunjski vrh). À partir de là, la marche jusqu’au refuge Dom Valentina Staniča est très courte (moins d’une heure). Une fois au refuge, il se met à dracher pendant qu’on se boit une bonne vielle pivo. Une fois l’averse passée, Lionel et moi allons remplir les gourdes à la source (après les avoir vidé dans les casseroles pour la cuisine), pendant que Jean-Seb et Amédée jouent aux cartes et que Dom lit H2G2. À l’heure du souper, on commence une séance de photos artistiques devant le Triglav en profitant de la lumière du soleil couchant, et ce n’est qu’après que nous mangerons les pâtes. Il y a très peu de monde au refuge, nous partageons la chambre avec trois autres personnes.
Lundi, c’est le grand jour, la vallée vers Aljažev Dom est totalement ensoleillée tandis que celle de l’autre côté est dans le brouillard, on a peur d’atteindre le sommet du Triglav dans le brouillard. Nous marchons jusqu’à Triglavski dom, à partir d’où commence réellement l’ascension du Triglav, c’est une route pas très longue mais très raide et assez difficile (sans pour autant nécessiter de cordes). Enfin, tout le monde est arrivé au premier sommet vivant, il ne nous reste que le plus haut, techniquement plus facile à grimper. Nous mangeons tout en haut, le brouillard va et vient de tous les côtés (sauf dans la vallée vers Aljažev Dom), mais n’est au total pas très dérangeant. Peu de monde y passe. Après des centaines de photos et de films, nous redescendons de l’autre côté, par un chemin plus facile que pour monter. Nous irons dormir au refuge de Dolič (2151m), beaucoup plus fréquenté que le précédent. Une fois à l’intérieur, autour de la pivo traditionnelle, il se met bien entendu à pleuvoir et même à tonner, on a un bol monstre. Le refuge est entouré par des moutons. Après quelques jeux de cartes et châteaux de cartes (pendant que Dom lit H2G2), on commence la cuisine. Nous partageons cette fois-ci le refuge d’hiver avec des tas d’autres personnes, et nous dormons dans des couvertures sans draps.
Réveillé à 6h du mat, l’autre groupe met au moins 3/4 d’heure pour se préparer. Pendant que les autres essayent de se rendormir, je pars pour une petite promenade. Je me rends compte qu’il fait superbe et qu’on voit très bien le Triglav. Je décide alors de retourner jusqu’au col Hribarice pour mieux le voir. Une fois là bas, je vois que le Kanjavec est indiqué à 45 minutes, alors je me lance dans son ascension en solo. Au sommet, la vue est superbe, et le temps aussi. Je redescend au refuge 2h après l’avoir quitté (vers 9h), Jean-Seb et Lionel viennent juste de se lever tandis que Dom était parti d’un autre côté. On déjeune donc avant de descendre vers Luknja. Dom et Jean-Seb vont à toute vitesse, Amédée essaye de les rattraper tandis que Lionel et moi-même gardons un rythme correct, mais en prenant quelques raccourcis entre les tournants. C’est ce qui nous a fait rater un carrefour vers Luknja, et ce n’est qu’arrivés en bas que des gens nous ont confirmé ce que je pressentais au fur et à mesure de la descente : on était descendu vers Trenta au lieu de remonter vers le col de Luknja. Il était midi, j’envoie un SMS à Dom lui annonçant que je remontais et que je serais là dans deux heures. 50 minutes plus tard, j’arrive au carrefour où j’attends Lionel avant de repartir vers le col où je retrouve Dom et Jean-Seb vers 13h45, mort de faim et de soif. C’est là qu’ils m’ont appris qu’Amédée n’était pas là non plus et qu’il avait certainement fait exactement la même erreur que nous. Après avoir mangé du saucisson, on écrit un grand “AMED” avec des pierres sur le sol pour lui laisser un signe avant de repartir. Quelques minutes après avoir entamé la raide descente vers Aljažev dom, Amédée nous rejoint et nous explique qu’il était allé beaucoup plus loin que nous avant de se rendre compte de son erreur. Nous continuons la descente en nous arrêtant quelques minutes au ruisseau Bistrica pour nous rafraîchir. Jean-Sébastien et Amédée m’accueillent à Aljažev dom avec une bonne vielle pivo. Amédée et moi retournons ensuite remplir les gourdes au ruisseau à 20 minutes de là pendant que Lionel et Jean-Seb jouent au foot. Une fois toutes les affaires rangées dans la voiture, nous repartons pour la Belgique. On s’arrête à Gmünd en Autriche (ville pleine de ballons roses) pour manger au resto, puis reprenons la route pour camper autour du lac de Zell am See.
Mercredi, nous roulons encore toute la matinée jusqu’à Füssen en Allemagne afin de manger de de faire un tour au château de Neuschwanstein. En buvant sa bière allemande, Jean-Seb s’est fait piquer par une guêpe à la lèvre. On cuisine des spaghettis bolognaises à une pompe à essence près de Karlsruhe, pour aller dormir dans la forêt dans le Frankenjura (avant Saarbrücken). Il a plu toute la nuit, on a aussi eu droit à de l’orage. Le matin, on a retrouvé une énorme flaque au dessus de la tente où dormaient Jean-Seb et Lionel. On est arrivé à 11h à Luxembourg pour ramener Jean-Seb puis on est directement rentré sur Louvain-La-Neuve pour vider la voiture.