Randonnée arctique ouverte à tous (ou presque)
A aucun moment il n’y a eu de contexte de mise en danger des participants. Les principaux risques potentiels à gérer durant une rando hivernale dans le Sarek sont les suivants.
ð Les risques d’avalanches (élevés cette année) ont été totalement évités par le choix de l’itinéraire (plateaux et vallées) et par les choix de tel ou tel passage sur le terrain. De ce fait, nous n’avons jamais été exposé à de potentielles avalanches.
ð Les corniches de neige débordantes sont nombreuses dans ce paysage où le vent souffle beaucoup, généralement dans la même direction avec une neige sèche portée sur de longues distances. A part les sommets, que nous ne fréquentons pas, les corniches sont présentes en bordure de plateaux, et au sein des plateaux, là où de légers reliefs existent comme des rivières ou des moraines. Ces reliefs là peuvent être indétectables sur carte et très progressifs en été mais, suite au remplissage avec de la neige, induire un canyon avec des dévers verticaux de 40 mètres surmontés de corniches débordantes instables. En cas de faible visibilité, ces canyons qui entaillent les plateaux sont peu aisés à détecter pour ceux qui ne connaissent pas le terrain. Lorsqu’ils sont suivis dans le fond, les risques de chute de corniche – induit par notre passage et la déstabilisation de la couche de neige qui remonte la pente – demandent alors une certaine attention et parfois l’écartement des participants. Ayant déjà parcouru le terrain je connaissais les zones d’attention, ce qui n’est jamais le cas lors d’un premier passage.
ð Les grands vents avec risques réels pour les tentes ont été anticipés par les infos reçues tous les deux jours par Iridium et par le choix en conséquence des campements dans des vallées ou à l’abri de reliefs perpendiculaires aux vents.
ð Les traversées et le suivi des rivières, parfois partiellement ouvertes, ont été gérés avec prudence sur base de ma connaissance du terrain et de la perception objective et intuitive de la neige. Dans ces contextes les participants étaient toujours tenus de suivre mes traces. Dans les passages les plus sensibles en espaçant les participants les uns des autres, je garantissais un seul passage à la fois sur la zone délicate. Le fait d’être le participant le plus lourd est aussi un avantage avéré pour détecter en premier les zones les plus fragiles ;-).
ð Les traversées de lacs sont généralement sans grands risques si la glace a été bien formée en début de saison (froid important ayant lieu avant les premières chutes de neige). J’avais pris mes renseignements à ce propos par mail avant le départ auprès de guides locaux. Les zones plus sensibles des lacs (embouchures, îles, zones de courants, …) sont gérées de la même manière que les rivières. Cependant, il importe de bien les détecter sur le terrain.
ð Les traversées des lacs de barrage présentent des risques spécifiques. En effet, les changements artificiels des niveaux d’eau et l’érosion par ces courants fragilisent la glace par en-dessous, donc de manière impossible à détecter sur le terrain. Ces lacs sont donc à connaître et à identifier comme tels. Cala n’est pas évident sur le terrain, le barrage étant souvent situé plus de 100 km en aval. Ces lacs doivent donc être connus et ne seront en principe traversés que sur des itinéraires contrôlés et spécifiquement balisés. Notre trajet n’en traverse pas, à l’exception du lac que borde Saltoluokta qui a été traversé suivant le balisage pour rejoindre le bus au lendemain de l’arrivée.
ð L’orientation sans visibilité dans le white-out ou les vents chargés de neige a bénéficié de ma bonne connaissance des lieux. Il est clair que si j’avais découvert ces vallées, les choses auraient certainement été beaucoup plus compliquées à gérer et la progression nettement ralentie. D’autant que la carte au 1/100.000 est peu précise.