Randonnée arctique ouverte à tous (ou presque)

Le récit, vu par Pol:

SAREK 2014, initiation arctique au pays de Geoffroy.
Dans le cadre de son stage « montagne hivernale » de fin de formation d’Accompagnateur en Montagne, Geoffroy DE SCHUTTER a organisé un séjour en LAPONIE intitulé SAREK, initiation arctique.
Nous sommes 12 (avec Geoffroy) à relever le challenge qu’il nous présente.  Delphine, Marie, Marie, Christian, Julien, Marc, Michel, Philippe, Sam, Vincent et moi-même allons partager et vivre pleinement des moments intenses.

Ombre au tableau : quelque peu avant le départ, Vincent verra son genou le lâcher et il ne pourra donc traverser le Sarek. Marie partagera sa peine en restant avec lui mais pas en Belgique mais bien avec nous au-delà du cercle polaire et ils accompliront également un très beau périple pour nous retrouver à l’arrivée à SALTOLUOKTA. Une vraie force de la nature ce Vincent et quel mental !

Après un long voyage (train et/ou avion et bus) nous nous retrouvons tous à KVIKKJOKK, départ de cette aventure au pays des Samis.

Le massif du SAREK se situe en Laponie Suédoise, au-delà du cercle polaire. Nous allons randonner sur une seule commune : JOKKMOKK mais plus étendue que … notre pays !
Si l’altitude y est plutôt modeste, de 350 à 1200 m, nous allons rencontrer une impression de très haute montagne tellement le panorama qui s’ouvre à nos yeux éblouis est immense, gigantesque.

Le premier jour nous verra quitter le monde civilisé. Un moment sur la KUNGSLEDEN (cheminement balisé) et très vite nous prendrons la direction du nord pour nous enfoncer dans cette blanche immensité. Nous y sommes vraiment très très petits. Après un premier bivouac, Marc nous quittera. Son hernie ne lui permet pas de continuer et il rejoindra tranquillement le départ pour retrouver Marie et Vincent avec qui il rejoindra l’arrivée à SALTOLUOKTA.
Une nuit dans une cabane de gardiens de rennes et ensuite nous allons rejoindre une immense rivière, la RAPADALEN, gelée bien entendu et la remonter vers le nord.
Cap vers l’est pour traverser le lac de BIERIKJÄVE où nous admirons une paroi de 1200 m du même nom et qui nous surplombe. Impressionnant !
La boussole sera nécessaire pour traverser le lac suivant et ensuite nous diriger vers le STUGGA.
Les deux derniers jours seront vers le sud. Et oui, déjà le chemin du retour. La traversée du dernier lac restera un moment épique. Vent dans le dos, 6,500 Km et moins de 40 minutes. Mon GPS enregistrera même une vitesse de 21,3 Km/Hr !
Je ne vais pas détailler le nombre de kilomètres, le temps mis, la dénivelée positive et négative. Tous ces chiffres ont réellement peu d’importance pour moi. Ce n’est certainement pas l’essentiel à retenir de cette aventure.
Que retenir donc de cette première expérience, et je n’espère pas la dernière ? Beaucoup d’enseignements.
Gestion du froid pendant la progression.
Sans connaître de très grands froids, nous sommes restés bien évidemment dans des températures négatives. Ajoutons la force du vent, omniprésent, et l’effet ressenti sur la peau peut être très dangereux. Surtout les mains. Continuellement il faut éviter que le froid s’en empare. Mettre les sur-moufles avant de ressentir l’effet anesthésiant d’Eole, les enlever avant de transpirer et ainsi éviter d’humidifier l’intérieur, tous des réflexes à avoir sans cesse.
L’inspiration par le nez est également primordiale pour le bien-être de la gorge et des bronches.
Les vêtements que j’avais choisis ne m’ont posé aucun problème. Evidemment la veste de protection totale est impérative mais il faut veiller également à la respirabilité des tissus. Ce point est très important car la transpiration pourrait très vite se transformer en glaçon dans le dos. Brrr …
Evidemment, la sensibilité aux basses températures est propre à chacun mais le besoin de protection reste le même.

Gestion du bivouac.
Si la gestion de la progression est très importante, celle du bivouac est un élément à ne pas négliger. De celui-ci va dépendre la réussite de la traversée car il est essentiel, voir vital, de récupérer des efforts de la journée et dans des conditions pas toujours évidentes.
Le choix de l’endroit de bivouac va dépendre principalement du vent. Il est impératif de trouver un emplacement pas trop exposé à cette force omniprésente et parfois d’une ampleur incroyable.
Le montage des tentes doit être méticuleux. La trilogie ordre – méthode – efficacité est vraiment d’application. Un hauban pas assez tendu peut avoir de terribles conséquences au milieu de la nuit quand le vent est bien présent.
Au moment du bivouac, il y a bien évidemment la préparation des repas. Ce n’est pas toujours évident mais je dois dire que malgré un réchaud qui avait rendu l’âme dès le premier jour, notre organisation était parfaite. La circulation entre les tentes le soir pour livrer l’eau chaude a permis de garder le contact entre les trois tentes lors des longues soirées. Aussi cela a facilité l’échange de boissons « énergétiques », doping moral.
Dans la tente, comme dans son sac, il faut toujours connaître avec précision l’emplacement de ses objets. Aussi il faut savoir qu’entre le réveil et le départ du bivouac, il s’écoule trois heures !
Je ne peux oublier l’indispensable pot de chambre « pee bottle » afin de ne pas devoir sortir la nuit.
Ce premier voyage au pays des SAMIS restera pour moi un moment magique, inoubliable.
Je me dois également de souligner l’excellent esprit de groupe qui à régner tout le long de ce périple. C’était une condition de réussite.
Sans doute performance sportive que cette aventure mais je retiens avant tout l’Aventure humaine. Je dis merci à tous les participants pour ces moments inoubliables passés ensemble.

A Geoffroy, je lui dis : Bravo mon gars et merci.
J’ai oublié de vous dire que notre gentil organisateur était sur place une semaine avant nous et restait encore une semaine après nous. C’est bien le pays de Geoffroy.