Nous sommes trois étudiants belges, François-Xavier, Michel et Géraud. Nous allons rallier cet été Bucarest à Bruxelles à vélo. 3000 kilomètres d’efforts pour les enfants de l’orphelinat de Targu Frumos en Roumanie.
Nous nous sommes donnés un mois (Juillet 2003) pour relier les deux capitales. Pour leur beauté, nous avons décidé de passer par les Alpes de Transylvanie dont le sommet culmine à 2543 m. Une fois le massif passé, nous descendrons dans la pleine alluviale du fleuve Tisza que nous traverserons pour rejoindre la capitale de la Hongrie, Budapest. Un second massif se dressera alors face à nous, les Tatras. Nous les contournerons en suivant le cours du Danube jusqu’à Bratislava puis Vienne. De la capitale autrichienne, nous rejoindrons Ratisbonne en traversant les superbes forêts de Bohême. Nous traverserons finalement l’Allemagne en passant par Francfort pour arriver enfin en Belgique.
Nous partons beaucoup trop tard du petit hôtel où nous logions, c’est notre grand tort, nos mettons beaucoup trop de temps à nous mettre en route. Nous ne sommes pas encore rodés et ça se sent, il reste trois semaines pour s’améliorer.
Ce que nous redoutions tant finit par arriver, le vent de face, et pas du petit vent s’il vous plait, s’il ne décorne pas les boeufs, en tout cas il nous ralentit méchamment. Nous ne faisons pas du sur-place mais c’est tout comme.Les paysages sont splendides et très variés mais nous n’en profitons pas, ce vent nous brise les nerfs, les jurons fusent. J’en ai ras le bol mais je me sens bien. C’est le paradoxe de l’aventure. On finit toujours par se dire: “Mais qu’est ce que je fous à m’épuiser ici? Je serais tellement mieux avec un bon petit cocktail au bord d’une piscine!” Eh bien croyez-moi, dès que c’est fini on n’a qu’une seule envie c’est de repartir.
Nous mettons deux jours au lieu d’un pour rejoindre Cluj Napoca (n’essayez pas de prononcer correctement). Sur le chemin, mon pneu arrière se déchire, il supporte heureusement encore les 100 Km jusqu’au marchand de vélo de Cluj. C’est là que nous rencontrons le jeune Alex (13 ans) et son fidèle compagnon. Ils nous font visiter toute leur ville, quelle culture, quel enthousiasme. En les voyant, nous avons envie de croire que la Roumanie a de l’avenir. Après que le logement nous ait été refusé par les parents d’Alex, nous plantons notre tente dans un champ non loin de la ville. Bonne petite soirée au bord du feu.
Le lendemain, nous repartons comme toujours beaucoup trop tard. La matinée est courte mais vraiment éprouvante, vent, montées, nids de poule, camions… Ah oui, parlons-en de ces camions, où est-ce qu’ils ont eu leur permis ces gens? A croire qu’ils font exprès de nous souffler dans le fossé, de nous asphyxier avec leurs échappements puants… Nous ne sommes pas rassurés. Mon prochain achat, un rétroviseur pour vélo, on ne m’y reprendra plus. L’après-midi par contre je prends mon pied, route parfaitement plate, pas trop de vent, et surtout… surtout… Led Zeppelin, mon groupe préféré, à plein tube dans les oreilles. Ca vous remonte un homme, j’ai envie d’arracher le bitume, j’ai une pêche d’enfer. Michel et Géraud, par contre, commencent à sentir dangereusement leurs genoux, nous nous arrêtons tôt car Géraud a trop mal. Aïe, aïe, les ennuis physiques commencent, espérons que ce ne soit pas grave.
Demain si tout va bien nous serons en Hongrie.
François-Xavier